appréciation de l’Art

Eugène Delacroix, liberté du peuple, huile sur toile, 2,6 x 3,25 m, 1830 (Musée du Louvre, Paris)

la Révolution de juillet

Ce tableau a été réalisé en réponse au bouleversement politique qui allait entraîner le renversement du monarque régnant, Charles X (frère du décapité Louis XVI)., Charles X avait restauré le trône de Bourbon après la chute de Napoléon et serait lui-même remplacé par la règle constitutionnelle restreinte de Louis-Philippe, le « citoyen-roi. »

Delacroix est une peinture complexe, pleine de référence historique, mais aussi pleine du spectre de l’émotion humaine—du grand héroïsme au désespoir furieux—qui est une caractéristique centrale du romantisme français. Notez l’interaction complexe entre les zones qui sont fortement réfléchissantes et les zones adjacentes d’ombre sombre., Il en résulte des contrastes vifs qui, comme le coup de pinceau rapide, activent la surface et augmentent le sens du mouvement et de l’énergie de la peinture. Delacroix rompt également avec la tradition de s’appuyer sur la modulation minutieusement subtile de la couleur, et applique plutôt des traces brillantes et choquantes de pigment pur. Voir, par exemple, les notes de couleurs primaires vives, les bleus, les jaunes et les rouges particulièrement puissants. Encore une fois, l’effet est vif et électrisant contre les larges zones de brun et de gris et cela correspond bien au sujet., Liberty se précipite sur les débris des barricades, alors signifié de la rébellion parisienne.

une Nike moderne

avant la fin du 19ème siècle, les rues de cette ville en grande partie médiévale étaient le résultat chaotique d’une croissance organique imprévue. Paris était un dédale de rues enchevêtrées, quelques ruelles étroites qui ralentissaient les déplacements, le commerce et les troupes, et pouvaient être facilement bloquées permettant aux révolutionnaires de fortifier des sections entières de la ville. C’est sur ces mêmes barricades que se dresse la liberté, personnification de la liberté (que les Français appellent Marianne)., Elle tient le tricolore en l’air. C’est le drapeau interdit de la Révolution et de la démocratie.

Nike de Samothrace, 220-190 avant notre ère (Louvre, Paris)

le vent fait tourner sa draperie autour de ses hanches faisant allusion à la statuaire classique. Notez que le costume en spirale de la grande sculpture hellénistique (fin de l’Antiquité grecque), la Nike (victoire) de Samothrace exposée au Musée du Louvre a été retrouvé après la création de Delacroix mais constitue néanmoins une référence utile. Pour quelle raison Delacroix a-t-il exposé les seins de Marianne?, La réponse se trouve dans la figure n’étant pas une personne réelle, mais plutôt l’incarnation d’une idée dans une figure humaine. Marianne est, bien sûr, la démocratie. La démocratie est née dans la Grèce antique comme le rappelle Delacroix par sa référence à la sculpture antique et son utilisation de la nudité partielle. Mais il y a une deuxième référence ici. Lors de la Première Révolution Française, celle de 1789, L’État démocratique nouvellement créé était parfois représenté comme un nourrisson nourri par la liberté, par Marianne, sa mère.,

Distinctions de classe

à côté de Marianne, nous voyons une foule menaçante qui se dissout dans la fumée et la confusion de la bataille. Mais dans le milieu gauche, Delacroix représente deux figures avec plus de clarté. Ils sont solidaires mais représentent des positions sociales et économiques très différentes. L’homme au chapeau haut de forme, gilet et veste est un membre de la classe moyenne. La deuxième figure est moins bien lotis. Il porte une chemise blanche et une casquette et est censé représenter un ouvrier, un membre de la classe ouvrière ou inférieure. Le message de Delacroix est clair., La révolution unit ces classes contre l’aristocratie au pouvoir.

le coût de la rébellion

Au premier plan gisaient deux cadavres. La figure de gauche est destinée à enrager le spectateur. Pour mettre fermement le spectateur contre les excès des troupes du roi. En ce sens, la peinture est une pure propagande. La figure morte à gauche est vêtue d’une longue chemise de nuit qui a été poussée vers le haut alors que son corps a été traîné dans la rue depuis sa chambre où, vraisemblablement, il avait été abattu., Delacroix fait allusion à la pratique méprisée des troupes royales qui sèment la terreur en assassinant des sympathisants révolutionnaires présumés dans leur lit, puis en traînant les corps dans les rues en guise d’avertissement. La figure en uniforme morte à droite est un soldat royaliste. Ici, Delacroix montre l’ennemi comme vulnérable. Si vous regardez attentivement les bâtiments à droite, vous verrez la bataille rejointe et au loin, la grande cathédrale gothique, Notre Dame de Paris, symbole de la puissance du Roi mais qui arbore désormais triomphalement le drapeau tricolore.

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